Le Groupe Barrière, un empire comprenant 32 casinos, un club de jeux sur les Champs-Élysées, 19 hôtels de luxe dont le Normandy et l’Hermitage, plus de 150 restaurants et bars incluant 12 brasseries Fouquet’s, trois golfs, environ 6 500 collaborateurs, et un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros en 2022, annonce l’arrivée d’un nouveau patron, Alexandre Barrière.
Ce dernier succède à son père, Dominique Desseigne, qui dirigeait l’entreprise depuis 1995 et qui avait lui-même succédé à sa femme, Diane, victime d’un accident d’avion en 1995.
Le Groupe Barrière a connu une histoire riche depuis sa création en 1912 par François André, un paysan ardéchois qui ouvrit des tripots clandestins à Paris avant de reprendre le casino d’Ostende en Belgique. Son neveu et légataire universel Lucien Barrière, qui a repris l’entreprise après sa mort, donna son nom à l’entreprise qui prospéra sous son impulsion durant le demi-siècle suivant.
L’arrivée d’Alexandre Barrière à la tête de l’entreprise marque une étape importante pour le géant casinotier qui n’avait plus connu de patron depuis 1995. Cette succession a été préparée en coulisse depuis plusieurs mois et s’accompagne d’un transfert de la direction opérationnelle du groupe en dehors du giron familial, avec l’arrivée de Grégory Rabuel, ancien PDG de SFR, au poste de directeur général.
Âgé de 36 ans, Alexandre Barrière est décrit comme particulièrement sensible aux sujets de la transition numérique et du développement international. Il a déjà pris en charge les activités en ligne du groupe, notamment la plateforme BarrièreBet, et a présidé aux destinées des établissements internationaux du groupe en tant que directeur de la stratégie et du développement depuis 2021.
Derrière son ascension, on trouve des rapports familiaux parfois tourmentés. En 2020, les restrictions sanitaires ont engendré des tensions entre Alexandre et son père au sujet de la stratégie à suivre. Néanmoins, la communication du groupe laisse aujourd’hui apparaître des rapports apaisés. Marc Ladreit de Lacharrière, dirigeant de Fimalac et encore actionnaire à hauteur de 40 % du groupe Barrière, aurait contribué à la réconciliation familiale en acceptant la cession de l’intégralité de ses parts à Alexandre et Joy, les deux enfants de Dominique Desseigne. Ces derniers sont ainsi appelés à devenir les seuls propriétaires du groupe, sans actionnaire minoritaire pour la première fois depuis 1989. Selon Marc Ladreit de Lacharrière, cette réconciliation avait pour but de permettre à la famille de retrouver l’indépendance qui prévalait à l’époque de Diane.