Le poker fait son cinéma

Alors que le film le Grand Jeu a été diffusé récemment à la télévision, les liens qui unissent poker et cinéma sont plutôt étroits. Explications.


Plusieurs films ont été consacrés au poker avec plus ou moins de succès. Deux sortent vraiment du lot : « le Kid de Cincinnati » avec Steve Mac Queen, sorti en 1965 qui est considéré comme un chef d’œuvre et Rounders sorti en 1998, avec Matt Damon. Une suite est d’ailleurs annoncée depuis de nombreuses années et constitue un serpent de mer.

Côté français, pas grand-chose à se mettre sous la dent : on peut citer la Tueuse, réalisée en 2010 par Rodolphe Tissot. L’actrice principale Adrian Pauly devient une joueuse redoutable, en proie à l’addiction. Manuel Bevand a fait partie des consultants sur le film. Les réalisateurs aiment filmer la tension qui peut régner à une table. Des scènes de poker étonnantes aussi existent dans Casino Royale.

Les acteurs aiment le poker


Christophe Carrière, critique cinéma à l’Express et joueur de poker émérite me confiait, il y a quelques années, qu’après ses interviews, une fois sur deux il poursuivait la conversation sur le poker. Guillaume Canet, Patrick Bruel, Fréderic Chau, Yves Montand, Vincent Lindon, Rochdy Zem, Vincent Cassel, Alice Taglioni, Gilles Lellouche, Michel Boujenah… Les acteurs et les actrices sont nombreux à aimer le poker.  Beaucoup d’acteurs ont découvert le poker à l’occasion de parties VIP organisées à l’Aviation Club de France à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Aux États-Unis Matt Damon, Tobey Maguire ou Ben Affleck sont aussi des passionnés. Pour être un bon joueur, il faut parfois être un bon acteur. Mais les grands acteurs ne sont pas forcément des grands joueurs. On se souvient d’acting complètement raté de Matt Damon sur un tournoi lors des WSOP.



Mais alors, pourquoi les acteurs aiment tant le poker ? Bruno Solo que j’avais croisé il y a quelques années m’avait confié : « j’aime le poker pour sa théâtralité. Le poker peut être une dramaturgie, une tragédie ou parfois un vaudeville formidable. Il y a tout ce que j’aime en tant qu’acteur dans ce jeu. Pour moi le poker est le jeu le plus passionnant qui soit : celui qui vous fait monter tellement haut et vous fait descendre si bas en peu de temps. » Il est vrai que les joueurs aiment tout simplement vibrer aux tables. Ces derniers temps, c’est plutôt aux tables virtuelles que les amateurs se sont fait plaisir. Les casino virtuels avec leurs machines à sous en ligne connaissent un bel engouement en ce moment.

Le cinéma : un outil de communication pour les rooms.


Il y a quelques semaines, je décide de regarder le film de Guillaume Canet : « Les petits mouchoirs ». Tranquillement installé sur mon canapé, j’entends Gilles Lellouche demander à ses amis « ça vous dit un poker ? ». Quelques instants plus tard, dans une autre séquence, on le voit ranger un tapis de jeu avec un logo d’une room de poker bien connue. Dans le jargon du marketing, on appelle ça du « placement de produit ». Une marque paye pour apparaître à l’écran.

Autre exemple, en 2012, l’un des films les plus attendus de l’année se nomme « la Vérité si je mens 3 ». Dans ce film, on a pu voir le logo Bwin. Une des scènes du film montre José Garcia en train de jouer dans un cercle, avec des tables aux couleurs de la room. Bwin aurait déboursé 1 million d’euros pour apparaître à l’image. Chiffre invérifiable mais qui paraît très élevé ! Cet investissement a-t-il été rentable ? Les entrées du film ont été importantes mais en dessous des chiffres espérés. Les équipes de Bwin n’ont pas été totalement satisfaits de cette opération.

Pour le film Casino Royale en 2006, PokerStars avait engagé des négociations poussées pour un placement produit de la marque sur le film. Ce qui ne s’est finalement pas fait. Mais alors, quel est l’intérêt ? L’intérêt premier pour les sites de poker en ligne est évidemment d’avoir une exposition médiatique forte. Lorsqu’un film comme « les petits mouchoirs » fait plus de 5 millions d’entrées, puis qu’il est diffusé à la télévision et là aussi regardé par des millions de spectateurs, l’impact est fort. Au début des années 2010, âge d’or du poker, les rooms possédaient un budget marketing important pour glaner des parts de marché.

En 2018, la situation a changé et les budgets considérablement réduits mais les liens entre poker et cinéma restent forts. En 2018, le film « les joueurs » est sorti avec Tahar Rahim. Le long métrage avait les cercles de jeux comme toile de fond. Ce ne fut pas un gros succès en salle mais l’ambiance était réussie.