Elsa Bargiarelli : «La testostérone à la table ne me dérange pas »

Passionnée de poker depuis plus de 10 ans, Elsa Bargiarelli est une figure familière des tournois à Paris et Marrakech. Entretien avec cette joueuse fan de Cash Game.

Elsa, depuis combien de temps joues-tu au poker ? Comment la passion est née ?

J’ai découvert le poker en 2006. J’ai joué une petite partie chez un ami et ce jeu m’a immédiatement conquise. Mais, cela fait longtemps que j’aime les jeux de cartes. Lorsque j’étais enfant, j’aimais beaucoup jouer au tarot ou à la belote. J’adore les jeux de stratégie. Pour le coup, le poker est un jeu avec tant de subtilités que même après dix ans de pratique, on apprend toujours.

Ensuite, tu as commencé à fréquenter les cercles, c’est ça ?

Oui, après quelques parties entre amis, je me suis rapidement dirigée vers les cercles. J’ai commencé à jouer en Cash Game à l’Aviation Club de France, sur les Champs- Élysées. Je jouais aux tables à 100€. Fréquenter ce cercle fut une véritable école pour moi. J’y suis allée fréquemment pendant deux ans.

Un jour, je me décide à jouer au Cercle Wagram et je joue un peu par hasard un Sit & Go satellite pour un tournoi au Buy-in de 200€. Je décroche mon ticket et je termine finalement 2e de ce tournoi sur lequel j’étais la seule femme et empoche 4 500 euros. C’était le premier tournoi que je jouais. Je suis alors devenue très vite passionnée à la fois du cash game et des tournois.

Aujourd’hui, tu voyages beaucoup, quels sont les spots dans lesquels tu aimes jouer ?

A Paris, je joue au Cercle Clichy-Montmartre. C’est le seul cercle qui reste dans la capitale. Cet été, j’ai été à Las Vegas pendant plusieurs mois. Je voyage beaucoup pour le poker que ce soit à Prague, Barcelone en passant par Montreal ou Los Angeles.

Quelles sont tes habitudes à Las Vegas ?

Lorsque j’y suis allée pour la première fois, j’ai testé tous les casinos de la ville même ceux qui se trouvent à Downtown, je voulais vraiment faire le tour. Mes deux poker rooms préférées sont celles du Bellagio et celle du Wynn. L’été dernier, j’ai eu l’occasion de jouer plusieurs tournois des WSOP : notamment le Monsterstack et le Ladies. J’ai fait quelques places payées. Mon rêve reste de pouvoir jouer un jour le Main Event.

Un débat récurrent existe au sein de la communauté poker sur l’utilité des Ladies. Qu’en penses-tu ?

Je pense que c’est bien que ces tournois existent. De nombreuses femmes n’aiment pas la pression que les hommes peuvent exercer à la table. En ce qui me concerne, la testostérone à la table ne me dérange pas, bien au contraire, j’aime la compétition, et je suis là pour gagner ! Pour revenir sur ce fameux débat, je pense que beaucoup de filles qui débutent ont envie d’une ambiance agréable, sereine. Le poker reste un univers très masculin même si les choses ont évolué. La première fois que je suis venue à l’ACF, il y avait peu de femmes, tous les regards étaient braqués sur moi, je me serais crue dans une prison d’hommes et je n’osais pas enlever mes cols roulés (rires). Aujourd’hui, je pense que l’atmosphère a quand même bien changé.

Tu fais partie des joueurs et joueuses qui sont sponsorisés par Roger Hairabedian pour disputer un beau festival qui aura lieu mi-septembre. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Je suis effectivement l’une des ambassadrices pour représenter le Casino de la Mamounia. Ca fait près de 10 ans que je connais Roger Hairabedian. A l’époque je faisais partie des « gazelles ». Des joueuses qui étaient invitées au Es Saadi. Roger Hairabedian a décidé de promouvoir la poker room du Grand Casino la Mamounia et de relancer les Championnats du Maroc. C’est une personnalité qui a un franc-parler qui déconcerte beaucoup de monde. C’est vraiment une icône du poker, c’est aussi un homme avec un grand cœur.

Je jouerai plusieurs tournois sur les Championnats du Maroc notamment le Main Event.

Peux-tu nous parler de l’ambiance qui règne dans la pokerroom de la Mamounia ?

La Mamounia est un très beau Casino, lumineux, haut de plafond. Le personnel est très accueillant et professionnel. C’est vraiment un casino que je recommande, pour la beauté de l’endroit mais également pour l’action que l’on peut trouver aux tables de poker.

Au poker, quelles sont tes qualités et tes défauts ?

Je crois que je suis assez patiente, je suis capable d’attendre les bons spots, d’analyser une table et de comprendre la dynamique. Je travaille beaucoup sur mon jeu en faisant beaucoup de volume et J’essaye de perfectionner mon jeu en écoutant les conseils, en regardant des vidéos.

Pendant longtemps, j’ai pensé que parce que j’étais une femme, on avait tendance à plus me bluffer. Cela m’a amenée à faire des erreurs par le passé mais je pense avoir corrigé ce défaut. Mon plus gros défaut je pense est de trop vouloir lisser la variance en cash game en jouant small ball et de ne pas optimiser au mieux certains coups en grossissant suffisamment les pots.

Quels joueurs ou joueuses t’impressionnent ?

Je ne vais pas être très originale mais des joueurs comme Benjamin Pollak, Justin Bonomo, Fedor Holz, sont vraiment impressionnants par leur régularité ces dernières années.

Ca fait maintenant longtemps que tu joues, tu dois avoir quelques anecdotes en stock ? Quel est ton meilleur souvenir et le pire ?

Mon meilleur souvenir est sans doute lorsque j’ai gagné le Ladies des EFOP à l’ACF, en 2012. J’ai gagné ce tournoi alors que je n’avais que 3 blinds à un moment et alors un joli petit bracelet à la clef.

J’ai toujours réussi à me sortir des situations compliquées et des bad runs qui brokent les joueurs et à relativiser. Donc difficile de retenir vraiment un mauvais moment concernant le poker.