Negreanu répond à Hellmuth : le débat sur les bracelets WSOP s’enflamme

Dans le petit monde où chaque déclaration devient une cartouche, il suffit parfois d’un Poker Brat en roue libre pour mettre le feu aux poudres. Phil Hellmuth, jamais avare en annonces tonitruantes, a récemment affirmé que les WSOP envisageaient de plafonner le nombre de bracelets à 100 par an. Et pas à moitié : réduire de moitié le programme de Las Vegas, cœur historique du circuit, en ferait les frais.

Un pavé dans la mare que Daniel Negreanu n’a évidemment pas laissé passer.

Interrogé par PokerOrg, Kid Poker confirme qu’il souhaite une réduction… mais certainement pas celle imaginée par Hellmuth.

« Si tu veux faire fuiter un secret… dis-le à Phil »

Negreanu ne s’en cache pas : oui, le volume de bracelets a explosé ces dernières années — 245 en 2024, contre seulement 89 en 2018. Oui, il faut calmer la mécanique. Mais de là à sabrer la moitié du festival de Vegas ?

Pas question.

« Phil dit beaucoup de choses qu’il n’est pas censé dire. Si tu veux faire fuiter un secret, dis-le à Phil », balance-t-il avec son sourire en coin.

Pour Negreanu, la bonne limite serait autour de 150 bracelets par an. De quoi apaiser les puristes sans détruire la colonne vertébrale du poker live : le programme d’été à Las Vegas.

Et surtout sans sacrifier les mixed games, ce que Hellmuth ne semble pas avoir mesuré.

« S’il coupe le programme estival à 50 events, il ne réalise pas que ce sont les mixed games qu’on virerait en premier… y compris le Razz qu’il adore. »

Hellmuth persiste : « Les bracelets deviennent cheap »

Fidèle à sa ligne, Hellmuth assume. Pour lui, l’inflation des bracelets nuit à la valeur symbolique qui a fait la légende du festival — et à son héritage personnel, évidemment.

Le joueur aux 17 bracelets répète que GGPoker et les nouveaux propriétaires des WSOP seraient alignés avec lui : 100 bracelets par an, pas un de plus.

Un plan détaillé, façon calendrier militaire : 50 à Las Vegas, 10 aux WSOP Paradise, 10 en Europe 10 en Asie, 20 online

Une vision radicale mais cohérente… si on oublie que Caesars, qui garde la main sur l’organisation à Vegas, n’a aucun intérêt économique à couper 40 tournois qui remplissent la salle sans effort.

Le vrai nœud : l’explosion de l’online

Derrière les punchlines, c’est l’online qui change la donne. De 9 bracelets en 2019, on est passé à 115 bracelets online en 2024, dont 74 sur WSOP.com rien qu’aux États-Unis.

La croissance est là, les revenus aussi — et personne n’a envie de toucher à ça.

Negreanu tape là où ça fait mal : pour lui, ce sont ces events online qui tirent la moyenne vers le bas.

« Les WSOP.com events, je les trouve embarrassants. Je ne les joue même pas. »

Sa proposition — 150 bracelets — gèle cette croissance sans faire sauter Vegas. Hellmuth, lui, voudrait couper dans le dur.

Un débat qui ne fait que commencer

Avec des WSOP 2025 qui prévoyaient déjà 100 bracelets rien que pour Vegas, l’idée de réduire le festival de moitié semble improbable à court terme. Mais la pression monte, et les positions s’affirment. D’un côté : Hellmuth, gardien autoproclamé du temple. De l’autre : Negreanu, plus pragmatique, plus proche des enjeux économiques de GGPoker et du WSOP nouvelle version.

Personne n’a la main, et la question reste ouverte : comment préserver l’aura du bracelet sans sacrifier le modèle économique d’un mastodonte global et online ?