Phil Hellmuth tire la sonnette d’alarme : “Les bracelets sont en train de perdre leur valeur”

Phil Hellmuth n’est jamais le dernier pour faire du bruit. Mais cette fois, derrière les punchlines et l’ego XXL, le message est limpide : pour le recordman des titres WSOP, le bracelet ne vaut plus ce qu’il valait. Et il est temps d’agir.

Quelques minutes avant son retour sur le plateau de No Gamble, No Future, le “Poker Brat” lâche une bombe au micro de Card Player.

Trop de bracelets. Beaucoup trop. Au point, selon lui, de mettre en péril l’ADN même des WSOP.

“On en distribue plus de 300 par an : ça n’a plus aucun sens”

Hellmuth n’y va pas par quatre chemins.

“J’ai dit publiquement qu’il devait y avoir 100 bracelets. Certains propriétaires des WSOP pensent pareil. Negreanu veut un peu plus… Mais aujourd’hui il y en a plus de 300. Les bracelets deviennent insignifiants.”

L’homme aux 17 bracelets — un record qui tient encore six longueurs devant Ivey — voit d’un très mauvais œil la multiplication des events, surtout en ligne : WSOP Vegas, WSOP Europe, WSOP Paradise, séries online US, séries online internationales… On atteint 234 bracelets pour 2025, un volume jamais vu.

Et quand un joueur décroche un bracelet sur un $300 online à 37 joueurs, Hellmuth grimace.

“On se dit ‘Ah, tu as gagné un 300$ online ?’ Les bracelets se font lessiver. Ce n’est plus important.”

Un fossé entre deux époques

Hellmuth a conscience que la comparaison entre les années 90 et aujourd’hui n’a plus grand sens.

Lorsqu’il décroche son premier Main Event en 1989, ils ne sont que 178 sur la ligne de départ. À l’époque, certains tournois live se jouaient à 63 ou 88 joueurs. Et en 1993, les WSOP comptaient… 21 bracelets.

Mais la critique du “Brat” ne vise pas les grinders modernes — Glaser, Deeb ou Mizrachi, tous à 8 titres — qui enchaînent les fields massifs.

Selon lui, le problème vient de la dilution, pas du niveau.

GGPoker et Negreanu à l’écoute ?

Depuis l’acquisition de la marque WSOP par GGPoker (500 millions de dollars en 2024), les discussions autour d’une refonte sont réelles.

Hellmuth le répète : Negreanu et le management du site seraient favorables à une réduction massive du nombre de bracelets.

“Daniel veut 140 ou 150. Moi j’en veux 100. Mais il faut couper 200 bracelets. On doit sauver les World Series of Poker.”

Et il insiste sur l’idée que les bracelets online doivent appartenir à une catégorie distincte.

“S’ils continuent comme ça, j’arrête de venir”

Provocation classique façon Hellmuth ? Peut-être. Mais l’avertissement est clair.

Le champion estime qu’à force de surproduire, les WSOP risquent de transformer un actif acheté 500 millions… en coquille vide.

“Si tout le monde a six bracelets, puis vingt, les WSOP ne vaudront plus rien. Et si ça continue, j’arrêterai de venir. Je joue pour l’histoire.”

Le message est lancé.

Reste à savoir si GGPoker aura le courage de réduire le gâteau — ou si la frénésie des events continuera jusqu’à rendre le bracelet aussi banal qu’un badge de Daily Deepstack.

Une chose est sûre : quand même Phil Hellmuth, l’homme qui vit pour les bracelets, commence à douter de leur valeur… c’est que la frontière a peut-être déjà été franchie.