C’est une vieille histoire de poker, de pouvoir et d’argent sale qui refait surface au Tribunal judiciaire de Paris.
À partir du jeudi 23 octobre 2025, la chambre correctionnelle accueillera le procès de onze anciens dirigeants du Cercle Cadet, un établissement longtemps réputé pour ses tables animées du 9ᵉ arrondissement, aujourd’hui accusés d’extorsion de fonds et de blanchiment aggravé.
Le cercle de la discorde
Le Cercle Cadet, ouvert en 2007 après la fermeture du Cercle Concorde, se voulait la vitrine du jeu légal à Paris.
Mais derrière cette façade, les enquêteurs ont découvert un tout autre scénario. Selon Le Monde, le grand banditisme corse tenait en sous-main le Cercle Cadet, transformant ce lieu en machine à cash parallèle.

Les flux financiers racontent la suite : recettes dissimulées, transferts occultes vers le Maroc, enveloppes de cash retirées chaque semaine. Une mécanique bien huilée qui a mené, en 2014, à la fermeture administrative du cercle et à l’ouverture d’une vaste enquête financière.
Onze accusés à la barre
Ils seront onze à comparaître, renvoyés devant la correctionnelle après plusieurs années d’instruction. Parmi eux, deux noms retiennent l’attention :
– Serge Kasparian, gérant historique du cercle,
– Jean-François Federici, présenté par les enquêteurs comme un relais du milieu corse.
Selon Le Monde, Kasparian aurait reconnu des remises d’argent pouvant atteindre deux millions d’euros entre 2013 et 2014.
Une ordonnance de renvoi de 160 pages, révélée par Blast Info, détaille les flux, les pressions internes et les manœuvres de blanchiment qui auraient permis de soustraire au fisc une partie substantielle des recettes du cercle.
Extorsion, blanchiment et fin d’un modèle
Le dossier dépasse largement le simple cadre d’une dérive interne. Il raconte la fin d’un système, celui des cercles de jeux parisiens, longtemps coincés entre tolérance administrative et zones d’ombre financières.
Les chefs d’accusation retenus sont lourds : extorsion en bande organisée, blanchiment aggravé, travail dissimulé et abus de biens sociaux.
Pour la justice, il s’agit de solder définitivement l’époque des cercles où circulaient beaucoup d’argent liquide, souvent sans traçabilité.
L’État a d’ailleurs tiré les leçons de ces dérives en ouvrant, à partir de 2018, une nouvelle ère avec les clubs de jeux soumis à un encadrement administratif et financier très strict.
Un procès fleuve
Le procès se tiendra du 23 octobre au 18 novembre 2025, à raison de trois audiences par semaine (mardi, mercredi et jeudi à 13h30), au tribunal correctionnel de Paris.
Les débats s’annoncent tendus : le dossier mêle anciens dirigeants, intermédiaires financiers et figures supposées du milieu corse.
Plusieurs des accusés contestent les faits ou dénoncent une instruction à charge, tandis que le parquet entend démontrer l’existence d’un système organisé autour du blanchiment des recettes du cercle.
La justice devra maintenant dire si les onze prévenus ont franchi la ligne rouge…
