Vainqueur du GCPS Master au Liechtenstein pour plus de 50 000 CHF, Mathieu Choffardet enchaîne les expériences fortes entre création de contenu, performances live et voyages aux quatre coins du globe. De Vegas à Marrakech en passant par l’Europe, le YouTubeur français partage sa vision d’un poker moderne, entre compétition, fun et ambition. Rencontre avec un grinder passionné qui ne compte pas s’arrêter là.
Tu as récemment participé au format Poker Joker lors du Sismix à Marrakech. Qu’est-ce que ce type d’expérience t’apporte ?
Ce sont des formats que j’adore, très fun à jouer. Les castings sont souvent super divertissants, on peut se permettre plus de choses qu’en tournoi classique : tenter des coups audacieux, slow-roll, être un peu plus loose… L’idée, c’est de montrer le côté fun du poker, surtout pour les amateurs.
On parle beaucoup du poker compétitif, mais il ne faut pas oublier que le jeu, à la base, c’est du plaisir et du partage. C’est ce que je veux mettre en avant à travers ce genre de contenu. D’ailleurs, un nouvel épisode a été tourné à Aix-les-Bains — je tease un peu ! — et ça s’est très bien passé.
Tu as remporté récemment le GCPS Master au Liechtenstein pour plus de 50.000 CHF. Comment as-tu vécu cette expérience ?
Honnêtement, c’est une des plus belles expériences poker de ma vie. Le cadre, l’accueil, les gens sur place : tout était parfait. J’ai été super bien reçu, mis à l’aise dès mon arrivée. Et forcément, quand tu repars avec le trophée, tout paraît encore plus beau. C’était une semaine incroyable, du début à la fin, dans une ambiance qui donne vraiment envie d’y retourner.

Le circuit GCPS revient bientôt. On te reverra sur les prochaines étapes ?
Oui, évidemment. Je retourne au Liechtenstein très bientôt pour le GCPS Championship. En plus, il y a un leaderboard avec 100 000 CHF garantis pour les meilleurs joueurs du circuit. Comme j’ai gagné le premier, je suis actuellement premier du classement, donc forcément, j’ai envie de défendre cette place. Et puis j’ai vraiment aimé l’ambiance là-bas, donc j’y retourne avec plaisir.

Tu voyages énormément. Quels moments t’ont le plus marqué récemment ?
J’ai vécu une très belle période après mon retour de Bali, il y a un an. J’ai perf à Lyon, puis enchaîné plusieurs deep runs pendant quatre mois, dont une 5ᵉ place au Main Event WSOPC Marrakech pour plus de 70 000 €. C’était une période où tout réussissait.
Derrière, j’ai eu une phase plus compliquée, presque sept mois sans résultat notable. J’ai beaucoup voyagé — Barcelone, Aix, Vegas, l’Australie, Malte, le Liechtenstein — mais sans gros run. C’est aussi ça, le poker : il faut accepter la variance et continuer à jouer.
Daniel Negreanu disait récemment que YouTube “tue les créateurs de poker”. Tu partages cette opinion ?
Pas totalement. En France, on a la chance d’avoir une communauté soudée de créateurs de contenu. On communique beaucoup entre nous, et on a échangé avec YouTube pour expliquer que le poker n’est pas un jeu d’argent au sens “casino” du terme.
Twitch, c’est devenu compliqué, mais YouTube reste solide. Je pense que le poker peut continuer à s’y développer si on le montre de manière éthique, pédagogique et inspirante. Il faut juste distinguer le poker des jeux purement aléatoires. Si c’est bien fait, ça reste un média puissant pour faire grandir le jeu.

Tu produis aussi du contenu. Est-ce que cela influence ta façon de jouer ou de choisir tes tournois ?
Oui, forcément. J’essaie de choisir des tournois agréables à filmer, avec de l’action et une bonne ambiance — les festivals Winamax, par exemple, sont parfaits pour ça.
En revanche, filmer pendant un tournoi, c’est un vrai challenge : il faut gérer la caméra, le son, l’image… et rester concentré. Ce n’est pas évident, mais j’essaie de trouver le bon équilibre pour que ça ne parasite pas mon jeu.
Et sur le plan mental, comment gères-tu la pression en table finale ou en heads-up ?
Franchement, j’adore la pression. C’est même là que je suis le plus focus. Quand ça chauffe, je deviens encore plus concentré sur les détails, sur chaque décision. C’est dans ces moments-là que je prends le plus de plaisir.
Paradoxalement, c’est plutôt le début des tournois qui me pose problème. Quand il n’y a pas encore d’enjeu, j’ai du mal à me motiver pleinement. Mais en fin de tournoi, c’est tout l’inverse : je me sens vivant.
Depuis tes derniers succès, comment travailles-tu ton jeu ?
Cette année, j’ai surtout beaucoup joué en live. Donc peu de travail technique pur. Mais j’ai énormément échangé avec d’autres joueurs, notamment avec Michael Gathy, le joueur belge, à Las Vegas, ce qui m’a beaucoup apporté.
On a passé plusieurs semaines ensemble, et ça m’a vraiment permis de progresser. On a beaucoup parlé stratégie, mental, gestion de tournois… C’est une autre forme de travail, plus instinctive et très efficace.
Je compte me remettre sérieusement au online d’ici la fin de l’année, et là, je reprendrai aussi le travail hors table plus structuré, avec solvers et analyse technique.
Enfin, comment vois-tu l’évolution du poker dans les prochaines années ?
Je pense que le paysage ne va pas fondamentalement changer à court terme. Les acteurs principaux vont rester, même si quelques nouveaux arrivants pourraient dynamiser le marché français.
En France, on a déjà de très bons acteurs, que ce soit en live ou online, avec des gens passionnés qui veulent faire avancer le poker. À l’international, GGPoker bouge beaucoup, notamment avec les WSOP, et je suis curieux de voir ce qu’ils vont proposer.
Ce qui va surtout évoluer, c’est la place des créateurs de contenu. On voit déjà les WSOP et certaines marques impliquer davantage les influenceurs dans leurs projets.
Et ça me correspond totalement. J’adore faire des vidéos, et s’il y a des projets ambitieux avec de vrais budgets et une belle production, je serai au rendez-vous. J’ai plein d’idées de formats, et si on peut rendre le poker plus visible et plus attrayant, c’est tout bénéfice pour la communauté.
