Poker en ligne : un marché en recul malgré une base de joueurs en hausse

Le dernier rapport semestriel de l’ANJ confirme la tendance : le poker en ligne en France recule en ce premier semestre 2025. Le Produit Brut des Jeux (PBJ) atteint 246 M€, soit une baisse de -4 % par rapport à la même période de 2024. Un chiffre qui tranche avec la dynamique générale du marché des jeux en ligne, porté par les paris sportifs (+10 % sur un an).

Cash Game en souffrance, MTT et Sit&Go stables

Le principal point noir reste le Cash Game, dont le PBJ plonge de -15 % pour s’établir à 47 M€. L’effet Zoom/Fast, déjà en perte de vitesse, confirme sa marginalisation. À l’inverse, les formats MTT et Sit&Go résistent bien, avec un PBJ globalement stable autour de 199 M€ (contre 202 M€ un an plus tôt).

Sit&Go : 122 M€ de PBJ, un socle solide mais en léger tassement. MTT : 77 M€, en léger retrait mais encore moteur des grands festivals online.

Plus de joueurs… mais qui misent moins

La statistique la plus parlante est celle du panier moyen par joueur actif (CJA). Alors que le nombre de comptes actifs grimpe à 1,7 M (+12 %) et que les joueurs uniques atteignent 1,3 M (+10 %), le PBJ par joueur diminue de -14 %.

Autrement dit, les opérateurs réussissent à recruter – notamment grâce aux ventes croisées et aux promotions venues des paris sportifs – mais peinent à transformer ces nouveaux profils en joueurs réguliers au volume significatif. Beaucoup testent, peu s’installent.

Une concurrence accrue et une pression promotionnelle

Le rapport souligne l’intensité concurrentielle : les opérateurs multiplient les gratifications financières pour attirer des profils “opportunistes”, au risque de fragiliser la rentabilité. Le poker reste donc attractif, mais comme produit d’appel plus que comme véritable relais de croissance.

D’un point de vue purement poker, ce recul du Cash Game confirme une mutation structurelle :

Les grinders historiques se raréfient, usés par une offre jugée trop taxée et par un écosystème moins « EV+ ». Les tournois maintiennent la flamme grâce aux séries phares (Winamax Series, KO Series, Galactic Series…), mais le panier moyen prouve que la majorité des entrants investit de petites mises. Le marché français reste cloisonné : sans liquidité européenne, difficile de compenser l’érosion naturelle des gros joueurs.

Le poker en ligne français conserve une base solide, mais son avenir proche s’annonce comme un combat permanent pour maintenir l’engagement. Tant que le modèle reposera davantage sur l’acquisition que sur la fidélisation, les courbes resteront fragiles.

Le rapport de l’ANJ le montre clairement : le poker séduit encore, mais il rapporte moins.