Jeux d’argent en France : croissance record, mais l’ombre de l’addiction

Le dernier bilan publié par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) est tombé fin août. Disponible en intégralité ici, il dresse le portrait d’un marché français des jeux d’argent et de hasard (JAH) plus florissant que jamais… mais aussi traversé par des fragilités qui concernent directement les joueurs.

14 milliards d’euros misés… et de plus en plus de joueurs

En 2024, le produit brut des jeux (PBJ) atteint près de 14 milliards d’euros, en hausse de 4,7 % sur un an. Paris sportifs (+19,1 % en ligne), loteries (+5,1 %) et casinos (+1,2 %) tirent la dynamique. Seuls les paris hippiques (-2,2 % en points de vente) et le poker en ligne (-2,2 %) reculent légèrement.

Plus de la moitié des adultes (51,6 % des 18-75 ans) déclarent avoir joué en 2023, contre 47 % en 2019. Et le jeu en ligne, qui concerne désormais 7,1 % des adultes, attire près de 3,9 millions de personnes, en hausse de 7,7 %.

Poker online : un marché en reflux, mais toujours massif

Le segment poker online marque le pas avec un PBJ de 493 millions d’euros. Pourtant, la base de joueurs progresse (+10,8 %), preuve que la pratique reste vivace. Simplement, les mises s’étalent davantage, la dépense moyenne par adulte plafonnant à 9 € par an, bien loin des paris sportifs (51 €) ou de la FDJ (108 €). Une réalité qui illustre le décalage entre la visibilité médiatique du poker et son poids économique réel.

L’ombre du jeu problématique

Derrière la croissance, un chiffre reste inquiétant : 4,9 % des joueurs présentent un comportement problématique, soit environ 2,5 % de la population adulte. Une proportion stable depuis 2019, mais qui représente tout de même près d’un joueur sur vingt.

Autre signe fort : le fichier des interdictions volontaires de jeux explose. En 2024, plus de 73 000 personnes y figuraient, en hausse de 26 % par rapport à 2023. Parmi elles, près de 19 000 ont pris la décision de se protéger en s’inscrivant volontairement l’an dernier.

L’OFDT note aussi que la majorité des patients pris en charge dans les CSAPA pour une addiction aux jeux sont des hommes (82 %), âgés en moyenne de 40 ans, souvent actifs mais fragilisés.

Des pratiques de plus en plus fragmentées

Le rapport souligne enfin la montée du multi-compte en ligne : 1,47 compte joueur par personne en 2024 (contre 1,42 en 2023), signe d’une fidélité en berne face à un marché ultra-concurrentiel. Les parieurs sportifs, dopés par les JO et l’Euro, sont les plus enclins à multiplier les plateformes.

En résumé : la France joue plus que jamais, mais l’addiction n’est jamais loin. Les paris sportifs s’imposent comme le moteur du marché, le poker online ralentit, et le nombre d’interdictions volontaires explose.

Le rapport complet est dispo ici sur le site de l’OFDT.