C’est un coup de tonnerre pour l’industrie du jeu en ligne en Inde. Le Parlement a adopté cette semaine la Promotion and Regulation of Online Gaming Bill, une loi qui efface la distinction entre jeux de hasard et jeux d’adresse, jusque-là protectrice pour le poker et les fantasy sports. Conséquence directe : l’interdiction pure et simple de toutes les formes de jeu en ligne avec argent réel, y compris le poker.
Les sites à l’arrêt
Dès l’annonce, les principaux opérateurs ont réagi dans l’urgence. PokerStars India et Junglee Games ont suspendu les dépôts, tandis que PokerBaazi a carrément mis en pause toute son offre en argent réel. Ironie du calendrier, cette décision intervient moins de six mois après le lancement par Flutter d’une nouvelle plateforme spécialement pensée pour le marché indien, rapporte PokerNews.
Navkiran Singh, co-fondateur de Baazi Games, n’a pas mâché ses mots : « Le jour le plus sombre de l’histoire du poker en Inde ».
Pour les joueurs, l’inquiétude est double : perte d’un écosystème florissant et risque de voir la pratique migrer vers des sites offshore non régulés, avec tout ce que cela implique en matière de sécurité des fonds et de protection des joueurs.
Le cricket aussi frappé de plein fouet
Le poker n’est pas le seul touché. Les géants des fantasy sports, comme Dream11 et MPL, piliers de l’écosystème du cricket indien, doivent eux aussi fermer leurs portes. Ces plateformes étaient devenues des sponsors majeurs de la Indian Premier League (IPL) et même de la sélection nationale.
En interdisant ces opérateurs, c’est donc l’ensemble de l’économie du sport roi en Inde qui risque d’être ébranlé.
Un marché colossal stoppé net
D’après le India Gaming Report 2025, le marché du jeu en ligne représentait 3,7 milliards de dollars et devait plus que doubler d’ici 2029. Avec près de 20 % des utilisateurs mondiaux de jeux en ligne et plus de 15 % des téléchargements d’applications gaming, l’Inde était considérée comme l’un des géants de demain.
Désormais, la menace est claire : pousser des millions de joueurs vers la clandestinité. Comme l’ont dénoncé la All India Gaming Federation et la Federation of Indian Fantasy Sports, ce texte risque « d’exposer les joueurs à la fraude, à l’exploitation et à des pratiques non sécurisées ».
Vers un avenir incertain
Le texte prévoit jusqu’à trois ans de prison et de lourdes amendes pour toute société ou particulier en infraction. Quelques exceptions subsistent pour les e-sports et les jeux éducatifs, mais pour le poker, le couperet est net.
Pendant que l’Indien Vidur Sethi mène le chipcount du PokerStars Open Barcelona ce soir, les amateurs de poker de son pays voyaient peut-être s’éteindre la flamme de leur passion en ligne. Un paradoxe cruel, qui restera comme le Black Friday du poker indien.
