C’est une arrivée aussi discrète qu’ambitieuse : Accor pose enfin ses valises à Las Vegas, et pas n’importe où. Le géant français de l’hôtellerie a signé un accord de franchise avec Phil Ruffin pour intégrer le mythique Treasure Island à sa Handwritten Collection. Résultat ? Le plus grand hôtel de son portefeuille mondial (2 884 chambres) entre dans le giron Accor… sans rien perdre de son âme pirate.
Dans un Strip qui aime autant la démesure que les rebrandings clinquants (comme avec le Mirage), l’opération détonne par son respect de l’existant. Parking toujours gratuit, Cirque du Soleil toujours à l’affiche avec Mystère, et ambiance toujours aussi kitsch-charmante. Une rareté dans une ville où le dollar est roi — et où les frais cachés prolifèrent plus vite que les jackpots.
Ce partenariat permet surtout au groupe Accor de renforcer sa présence en Amérique du Nord, un marché encore marginal pour le Français malgré ses 5 600 établissements à travers le monde. Côté clients, cela veut dire accès au programme ALL Accor, et peut-être, à terme, plus d’Européens en goguette entre deux spins de roulette.
La rénovation récente des chambres, les 10 restos (dont le très texan Gilley’s) et le spa font le reste. Le tout dans un style légèrement dépoussiéré mais toujours fidèle à l’ADN de l’établissement, ouvert en 1993. Ici, on ne joue pas la carte du luxe ostentatoire, mais celle de la nostalgie pop assumée. Un pari qui pourrait séduire les joueurs fatigués des mégastructures sans âme.
En attendant, Accor fait une entrée tout en finesse sur le Strip, et s’offre un joli coup médiatique. Dans la ville où “tout peut arriver”, même un géant de l’hôtellerie française peut écrire sa propre histoire.
L'amateur de poker 