Dans les coulisses du miracle Mizrachi : le regard sans filtre de Jared Bleznick

Le Main Event 2025 restera dans les annales. Pas seulement pour le doublé irréel de Michael Mizrachi, qui après avoir décroché un quatrième Poker Players Championship a marché sur le field du Main comme un bulldozer en mission. Mais aussi pour ce qui s’est joué en dehors des cartes, dans les coulisses, avec Jared Bleznick en témoin privilégié.

Dans une interview accordée à Poker.org, le joueur américain raconte de l’intérieur le parcours exceptionnel du Grinder. Un récit où se mêlent admiration, fierté et une belle leçon d’humilité.

« The Grinder est super talentueux, commence Bleznick. C’est l’un des meilleurs mecs que j’ai rencontrés dans le poker. Et je le dis avec le sourire : c’est aussi le plus humble. »

À la question classique du “qui coachait Mizrachi à la table finale”, Bleznick répond sans détour : personne. Du moins pas au sens traditionnel du terme.

« Quand il est arrivé en TF, certains ont dit qu’il devrait prendre un coach. J’ai dit non. Il s’est débrouillé tout seul jusqu’ici, il doit continuer à faire ce qu’il sait faire. Je ne l’ai pas coaché, je l’ai accompagné. C’est lui le talent. »

Présent à ses côtés depuis le Day 5, Bleznick se refuse à tirer la couverture. Il préfère insister sur ce que Mizrachi n’a pas fait. Aucun coup revu, aucun replay, aucun décryptage de mains adverses.

« Pas une seule fois il ne m’a demandé ce que les autres avaient. Tout le monde scrute les retransmissions, décortique les spots. Lui, il jouait son jeu, sans se polluer l’esprit. Il s’en foutait. Le seul autre mec que je connaisse capable de ça, c’est Phil Ivey. »

Autre détail frappant : l’attitude du Grinder pendant les pauses. Tandis que les autres finalistes se recentrent, Mizrachi enchaîne les selfies.

« À chaque break, il prenait des centaines de photos. Il aurait pu dire non, il jouait pour dix millions. Mais non. Il n’a refusé aucune photo, aucun autographe. À la fin, j’ai dû dire aux gens de le laisser respirer. »

Et pourtant, Bleznick n’avait aucune part dans le deep run de Mizrachi. Pas même 1 %. Juste un pari placé à +330 avant la table finale. Un bon bet, certes, mais loin des gros swaps qui circulent habituellement à ce stade.

« J’ai reçu une soixantaine de messages de gens persuadés que j’avais fait fortune. La vérité ? Je n’ai pas gagné un dollar grâce à lui. Et ça me va très bien. »

S’il n’est plus le grinder high stakes d’antan, Bleznick n’en reste pas moins un observateur engagé, avec une vision précise de ce que le poker devrait valoriser.

« Des mecs comme The Grinder, Hellmuth, Negreanu ou Ivey, c’est eux qui ont construit ce jeu. Si tu les enlèves, le poker n’est plus le même. Il faut les respecter. »

Et même si certains noms clivent, comme Martin Kabrhel, Bleznick assume : « Il fait parler, il dérange, mais au final, ça crée du buzz. Et le buzz, c’est vital. Le poker a besoin de personnages. »

Un discours rare, lucide, teinté de nostalgie pour une époque où les figures fortes faisaient autant le show que les cartes. Une époque que Mizrachi vient peut-être de faire revivre, le temps d’un été.

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