Barny Boatman, la classe anglaise tire sa révérence chez PokerStars

Barny Boatman n’a jamais vraiment fait les choses comme les autres. Ni dans ses choix de vie, ni dans ses coups de poker. À 68 ans, celui que beaucoup considèrent comme un pilier du jeu européen vient d’annoncer, sans fracas mais avec élégance, la fin de son aventure avec PokerStars. Une parenthèse d’un an avec la Red Spade, conclue avec le même flegme qu’il affiche depuis plus de deux décennies sur les circuits.

C’est via un post sur X que le Britannique a officialisé la nouvelle. Avec son humour pince-sans-rire habituel, Boatman évoque des « divergences musicales » pour justifier la séparation. Pas de drama, pas de regrets. Juste un clin d’œil au passé, un merci pour les poissons grillés, et une dernière salve de panache à l’image de son parcours.

De l’EPT Barcelone 2004 à Paris 2024

C’est à Barcelone, lors du tout premier EPT, que Barny avait croisé le chemin de PokerStars pour la première fois. L’événement allait marquer un tournant dans l’histoire du poker en Europe — et dans celle de Boatman. Vingt ans plus tard, il revenait dans la même ville auréolé d’un titre EPT conquis à Paris. Une victoire qui sonnait comme une rédemption, ou plutôt l’aboutissement d’un marathon entamé bien avant que le poker ne devienne une industrie.

En février 2024, Barny Boatman décrochait enfin le trophée qui manquait à sa collection : celui du Main Event EPT. Un sacre tardif, certes, mais ô combien mérité. Avec 1,28 million d’euros en poche, et une standing ovation à la table finale, Boatman rappelait à tout le monde que la ténacité finit toujours par payer. Même quand on approche des 70 balais.

Un an sous les couleurs PokerStars

Dans la foulée, il rejoignait officiellement le Team Pro. L’annonce avait été faite en grande pompe, lors d’un enregistrement en public du podcast Poker in the Ears à Londres. L’image était forte : un vétéran respecté, à la fois mémoire vivante et figure d’inspiration, devenait le visage d’une nouvelle ère chez PokerStars.

Durant un an, Boatman a sillonné les festivals, discuté avec les joueurs, distribué anecdotes et conseils avec ce mélange d’humilité et de lucidité qui le caractérise. Une parenthèse à la fois médiatique et humaine, durant laquelle il n’a jamais triché avec son image.

L’homme derrière la légende

Boatman, c’est bien plus qu’un palmarès. Membre fondateur du Hendon Mob, il a incarné la transition entre l’âge d’or du poker télévisé et la génération GTO. Toujours là, toujours pertinent, toujours respecté. Un joueur capable de discuter stratégie avec un grinder de 20 ans tout en commandant une pinte avec les anciens.

S’il avoue avoir parfois mal joué, mal runné ou été outplay, c’est précisément ce regard sans fard qui le rend si attachant. En 2023, il confiait encore se repasser la main qui lui avait coûté 2 millions de dollars il y a 20 ans. “Mais cette victoire à Paris, ça, c’est le moment que j’attendais. Ça donne du sens à tout le reste.”

Le dernier des gentlemen

Dans un milieu souvent dominé par le grind, les avatars et les egos surgonflés, Boatman faisait figure d’exception. Un joueur à l’ancienne, oui, mais qui n’a jamais cessé de s’adapter. Un conteur hors pair, un ambassadeur naturel du jeu, un gentleman comme on n’en fait plus.

Il quitte PokerStars, mais certainement pas le circuit. Tant qu’il y aura des cartes à distribuer et des histoires à écrire, Barny Boatman ne sera jamais très loin d’une table. Et c’est tant mieux.